• Chapitre II: L'aube d'une nouvelle vie

    Chapitre II: L'aube d'une nouvelle vie





    Finalement, Ryusuke avait suivi l’afro, qui lui avait proposé l'hébergement. Il fallait avouer que la proposition était généreuse, mais il commençait à se poser une question: hébergement d'accord, mais hébergement dans quoi? Car, plus ils avançaient et qu'il découvrait le décor, plus il se demandait sérieusement à quoi allait ressembler la maison. En effet, l'architecture de cette ville, Utopia, était assez singulière, les bâtiments ressemblaient à des bâtiments tels qu'on en voyait pendant l'ère Edo du Japon, ou tel qu'on en voit dans certains quartiers traditionnels de Kyoto, il y avait pas mal de temples, et le sol des rues était en terre. Mais à ce décor qui se voulait ancien s'ajoutaient quelques éléments qui sortaient droits d'une époque plus modernes, tels que des lampadaires, bien qu'il avait aussi des lanternes, des pancartes, et on voyait plusieurs personnes habillées avec des habits modernes, ou en train de fumer une cigarette. D'ailleurs, à propos de la population qu'ils croisait, on avait l'impression que la ville était énorme mais que peu de personnes l'habitaient, au vu de la faible densité de passants dans les rues et le silence qui y régnait. La ville dégageait une certaine impression de vide, c'était assez étrange. On se serait cru dans une mauvaise blague ou dans un rêve, mais après s'être pincé plusieurs fois, il pouvait affirmer que ça n'en était pas un.
    Finalement ils arrivèrent à la maison de Kei, une bâtisse traditionnelle dans le même style que la plupart des autres qu'il avait vu, qui paraissait cependant plutôt grande pour un simple particulier. Et d'ailleurs, ce n'était pas qu'une impression, la maison ne paraissait pas uniquement grande de l'extérieur, elle l'était vraiment, même à l'intérieur. La première pièce qu'il trouva semblait être le salon, une grande salle spacieuse et assez vide, avec des coussins autour d'un large tapis au sol, sur lequel était posé une table basse. Il n'y avait pas grande chose dans le salon, seulement une vieille radio posée sur la table, une ampoule au plafond, et quelques objets décoratifs au mur.

    " -  Bienvenue chez moi mon pote. Y a pas grand chose à voir mais c'est sympa.
    Ryusuke vint s'asseoir sur un des coussins, en regardant tout l'espace que fournissait pièce.
    - C'est pas un peu grand pour une simple maison?
    Kei vint s'asseoir en face de lui, de l'autre côté de la table, en se mettant à l'aise, un pied sur la table.
    - Ah ah, c'est normal, la plupart des maisons sont comme ça ici, y a juste à se servir!
    Le mot "servir" piqua la curiosité de Ryu, qui n'avait pourtant pas eu pour objectif initial d'entamer véritablement une discussion avec un type qu'il n'appréciait pas plus que ça pour le moment.
    - Comment ça "se servir"?
    Kei, qui avait remis ses lunettes depuis, le regarde avec un sourire comme si il attendait qu'il pose cette question.
    - Et ouais Ryu, ici, il y a tellement de maisons que tu as juste le droit de choisir une maison vide et de dire qu'elle est à toi! Donc si jamais tu as envie d'avoir ta propre maison, c'est aussi simple. Mais t'inquiète pas, c'est grand ici, y a bien de la place pour deux, et puis, plus on est de fous plus on rit hein!
    Il n'aimait pas vraiment la façon dont il se montrait si familier aussi rapidement, mais il ne pouvait vraiment faire de reproches à une personne qui lui offrait l'hospitalité aussi généreusement.
    - Hum. Mais..qui a construit toutes ces maison? Il ne désire pas qu'on paye quelque chose pour payer le fruit de tout ce travail?
    L’afro, qui s'était avancé le sourire en avant pour faire ces révélations, se recula pour se rasseoir normalement. Il haussa les épaules.
    - Ça, personne ne le sait. Même les plus anciens disent que tous les bâtiments étaient déjà là avant même que les premiers n'arrivent. Et pour ce qui est de payer pas d'inquiétude, ici il n'y a pas d'argent, ou quoique ce soit qui puisse avoir le rôle de l'argent.
    C'était plutôt surprenant d'apprendre ça, mais il n'en n'était plus vraiment à une ou deux surprise de plus pour cette journée là...
    - Bon, tu dois avoir faim, bouge pas je vais chercher quelque chose pour manger. Le soir est en train de tomber, ça nous fera le repas du soir. "

    Comme Ryusuke ne répondit rien, Kei alla dans ce qui semblait être la cuisine, on entendit alors peu après le bruit caractéristique d'un micro-onde qui tourne. Il ne revint que cinq minutes plus tard, transportant deux bols dans ses mains et les posant sur la table, tandis que Ryusuke était profondément concentré sur cette petite radio sur la table, enfin du moins le semblait-il.
    " - Voilà deux bols de soupe miso, fait avec les légumes de mon jardin. Nous n'avons pas de champs comme la ville est fermé, mais tout le monde à son jardin et ses cultures, sauf ceux qui ne savent pas vraiment s'occuper de la culture, et qui se tourne alors vers le marché.
    - Hum.
    Notant la réponse dénuée d'intérêt de son compagnon, Kei le regarda et s'aperçut de ce qui semblait égayer la curiosité de Ryusuke.
    - Intrigué par cette petite radio?
    - Hum? Oh..non, j'étais juste perdu dans mes pensée. Mais sinon oui, d'où vient cette radio?
    Kei se rassit et but une première gorgée de la soupe, encore chaude.
    - Je l'avais quand je suis mort, du coup je l'ai gardé avec moi en passant par ici, tout comme toi tu sembles avoir gardé tes armes. Ryusuke regarda la poignée de son katana à ces mots. Je ne capte plus aucune station évidemment, mais j'ai toujours le cd qui était dans la radio à ce moment là. Je te l'aurais bien fait écouter, mais je pense que tu es trop fatigué pour ça en ce moment.
    Les mots "quand je suis mort" lui restèrent en tête. Avec tout ça, il n'avait même pas pensé au fait que cet afro aussi, était mort et avait vécu la même situation sans doute.
    - A ce propos... Comment tu es mort..kei? Sauf si c'est indiscret...
    - Oh non, t'inquiète mon pote, je souffre d'aucun complexe là dessus. Je suis juste mort un jour ou j'écoutais la radio insouciamment dans la rue, j'ai traversé la route sans m'en rendre compte, et je me suis fait renversé. Ça m'a tué sur le coup ah ah ah! Par contre, je crois bien que pour toi, ce soit encore un peu difficile d'en parler.
    Comme unique réponse, Ryusuke détourna le regard, comme si il avait honte de quelque chose.
    - Pas de problème! Mange plutôt, tant que c'est chaud!
    Ryusuke s'exécuta. Il n'aurait su dire si c'était bon ou pas, mais en tout cas c'était pas dégueulasse. Mais pendant qu'il buvait lentement la soupe, il repensa à ce que Kei avait énoncé par rapport au fait qu'il n'y avait pas d'argent. Il reposa son bol.
    - Dis moi, tu as dit qu'il n'y a pas d'argent, mais alors..qu'est ce qui récompense le travail?
    Kei, qui avait écouté attentivement la question en avalant une gorgée de soupe, posa à son tour son bol sur la table pour répondre, tandis que Ryu reprenait le sien pour boire une nouvelle gorgée.
    - C'est une bonne question. Mais tu vois, ici, on est enfermés, on ne cherche pas à être récompensés, on veut juste vivre, et c'est pas toujours facile, alors on s'entraide. Ça change du "monde originel".
    L'ancien Yakuza avait écouté la réponse avec attention, et y réfléchissait tout en avalant une nouvelle gorgée de soupe. Il reposa son bol.
    - Mais alors, il ne suffit pas que quelqu'un refuse l'entraide et applique la loi du plus fort pour que ça sombre dans l'anarchie? Vous devez probablement avoir des lois qui régulent tout ça non?
    Encore une fois, Kei avait la réponse.
    - Il y a bien des groupes qui ne coopèrent pas avec les autres et qui restent entre eux, mais ça n'a jamais perturbé l'entraide globale. On se contente de vivre par nous-même comme on peut, on se tourne vers les autres, et alors on les aidera quand ce sera leur tour d'avoir quelques difficultés. Et pour ce qui est des lois, non, nous n'avons aucune loi ici, à Utopia. C'est un nouveau départ pour tous ici, mais aussi un moyen de se libérer des contraintes de l'ancienne société.
    Ryusuke fut perplexe.
    - Mais...si il n'y a pas de lois, il n'y a rien qui empêche le chaos de se produire. Il faut forcément quelque chose pour régulier même un minimum.
    Et là, l’afro à lunettes lui apporta la réponse soulageante.
    - Nous n'avons pas de loi, mais nous avons bien une forme d'autorité. Mais plutôt que des lois, c'est un arbitre qui traite au cas par cas, et qui prend des décisions si quelqu'un commence à semer le trouble.
    Rysuke fut rassuré, mais resta un peu suspicieux.
    - Un arbitre hein...
    Kei crut alors bon de changer le sujet, voyant que les deux bols de soupe avaient été bus au fil de la discussion. Il se leva une nouvelle fois en se dirigeant vers la pièce qui semblait bien être la cuisine.
    - Je vais chercher une suite, même si y avait pas mal de soupe.
    Il revint quelques minutes plus tard, avec un plateau de légumes, parmis lesquels Ryu reconnut du choux et de la tomate. Il fit la grimace.
    - T'as pas quelque chose comme de la viande, ou du poisson? Je suis pas très légumes en fait...
    Kei parut un peu déçu.
    - La ville est grande mais on dispose seulement de quelques petits élevages de porc et de poules. Ca ne fait pas beaucoup de viande pour tout le monde, alors pour partager, on n'en prend que de temps en temps, et actuellement j'en ai pas. Voyant la mine députée de Ryu, il essaya de le rassurer. Mais, t'inquiètes pas! Ca fait peut être bizarre au début, mais on finit par s'y habituer! Et puis, il y a tout ce qu'il faut pour combler les apports énergétiques de la viande!
    Ryusuke se releva calmement.
    - Bon, ça fait rien, de toute façon j'ai plus vraiment faim. Je prendrai de tes légumes la prochaine fois, désolé. Je vais plutôt aller maintenant. Où est ce que je peux aller dormir?
    Kei se montra compréhensif et lui indiqua une pièce avec un sourire.
    - Tu peux dormir là, y a pleins de matelas inutilisés, prend celui que tu veux, et met toi à l'aise. Bonne nuit mon pote.
    Le concerné lui fit un salut de la main en se dirigeant vers la pièce.
    - Ouais, b'nuit. "

    Il entra dans la pièce et referma les portes coulissantes derrière. Il vit effectivement de nombreux matelas comme annoncé. Il en prit un et poussa les autres. C'est seulement à ce moment qu'il remarqua un miroir accroché sur le mur en face. Il s'en approcha et se regarda, il avait vraiment une gueule de merde après cette journée. Le portrait refléta l'image d'un homme de la trentaine, à la peau matte, comme tout asiatique. Son épaisse chevelure noire était "coiffée" en bataille si bien que ses cheveux partaient dans tout les sens, et ses cheveux à l'arrière étaient attachés en une petite queue de cheval. Cela couplé à ses yeux bruns sombres, ses sourcils sévères, sa barbe mal rasée et son expression blasée lui donnait vraiment l'air de ces brigands mal léchés. Au fond, un yakuza était une sorte de brigand mais il aimait bien séparer les deux définitions pour se donner bonne conscience. Mais bon, après tout, ces histoires de Yakuza, c'était fini maintenant, qu'il le veuille ou non, il allait devoir prendre un nouveau départ ici en cette grande ville mystérieuse. Ryusuke reposa le miroir et se laissa tomber sur le matelas choisi. Il poussa un long soupir en se passant le bras sur le visage.
    Quelle putain de journée...
    Et alors, le sommeil ne tarda pas.




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