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Ashes [en cours]
" Depuis des siècles, l'Empire de Lodr s'est construit progressivement et laborieusement, au prix de guerres sanglantes et sacrifices douloureux, mais il a survécu et domine à présent de vastes terres avec prospérité. Et pourtant, le règne de Lodr sur le Continent de l'Ouest n'a jamais été autant péril. Affaibli par la corruption interne et entouré par des clans barbares habités par la vengeance de leurs ancêtres, le vieil empire voit ses frontières en ébullition. Mais surtout, un nouveau fléau a émergé de l'Est, une horde de barbares nomades dont on ne mesure pas encore la menace, mais dont l'ombre plane dangereusement.
Dans ce sombre contexte, Einir, un jeune garçon, est esclave d'un citoyen Lodrien, comme tant d'autres. Il a entendu les rumeurs terribles qui circulent bien sûr, mais pas un seul un instant il n'imagine être concerné par tout ça. Et pourtant, le destin va réserver un futur des plus incroyables à ce jeune garçon, et bientôt, il se retrouvera malgré lui mêlé à la cruauté et l'immoralité de la Guerre. Mais peut-il vraiment aspirer à un avenir meilleur dans ce monde sombre et sans pitié? "
Ashes va être ma troisième fiction, et elle sera bien plus recherchée et mieux écrite que les deux précédentes, donc j'espère vraiment que je vais pouvoir la mener à son terme. Comme vous pouvez le deviner avec ce résumé, le contexte sera sombre, et se déroulera dans un univers médiéval/antiquité. L'histoire tournera autour du personnage d'Einir, jeune esclave lodrien qui va être confronté à un destin incroyable et inattendu, mais je vais également m'efforcer de développer de nombreux personnages, pour rendre cette histoire plus vivante.ATTENTION: Cette fiction tourne autour du thème de la guerre, et par conséquent, il y a aura des passages violents et/ou sales. Donc, petits cœurs sensibles, s'abstenir.
De plus, dans cette fiction, je traite de plusieurs peuples dont les noms font référence directement à des peuples historiques, mais cela ne veut absolument pas dire que cette fic' traite de la réalité et de ce qui s'est vraiment passé.
Enfin, point important, il y aura des notions de religions et de dieux différents dans cette fic'. Certains auront un nom directement inspiré de religions réelles, un peu arrangées à ma sauce parfois. Veuillez n'interpréter aucun sous entendu religieux de ma part en lisant cette fic'.
PS: Si vous prenez la peine de lire les chapitres de cette fic', premièrement je vous remercie, deuxièmement je vous invite à laisser un com' sur votre ressenti. Si vous avez trouvé quelque chose qui n'allait pas, n'hésitez pas à me le signaler. Si il y a un personnage que vous aimeriez voir plus développer, c'est pareil. Le fil directeur est déjà cousu, mais je peux broder autour si vous le désirez. Vos critiques ne pourront que rendre cette fic' meilleur!
Bonne lecture! -
Par Haydouk le 22 Mai 2016 à 17:48
Chapitre I: La fuite
La Guerre. Instrument de pouvoir apporté par les hommes, elle sème les graines de la famine et fauche la vie partout où elle passe. Et tandis qu'elle dévaste certains peuples, elle apporte également la félicité et la prospérité à d'autres, et cette même opulence est jalousée par les autres, qui dévorés par la jalousie, volent et dévastent ceux qui, auparavant avaient eux-mêmes volé et dévasté, et tout ça dans un cycle vicieux et sanglant qui ne semble jamais s'arrêter. Et pourtant, il arrive qu'un peuple, à force de victoires et succès, se forge un chemin vers la puissance, jusqu'à atteindre un sommet où son apogée est telle que personne ne saurait le détrôner de son trône doré.
Tel a été le destin d'un peuple, qui après des années de combat, s'était bâti un empire à la hauteur de ses ambitions. Ayant subjugués ses ennemis malheureux, les adversaires d'un jour étaient devenus les esclaves du lendemain, et par la même occasion, les artisans de la gloire de leur maître. Ce peuple, cet empire, était né au départ d'une seule petite ville, Lodr, et son peuple s'était nommé en hommage à son berceau: les Lodriens. Et ainsi, l'Empire de Lodr avait conquit la majorité du Continent de l'Ouest, à l'aide d'une armée puissante et d'un pouvoir implacable.
Et pourtant, le Dragon devenu trop puissant en vient à se mordre la queue, et tandis que le titan se dévore lui-même, les chacals attendent silencieusement, dans l'ombre, le moindre signe de faiblesse. Car oui, la richesse et la puissance qu'avaient aquis les puissants de cet empire n'avait d'égal que la convoitise qu'ils généraient parmi les leurs. Et la maladie du pouvoir est un vrai fléau, car intérêts personnels ont tôt fait de l'emporter sur intérêt général, et au zenith d'une période de corruption interne au sein du Grand Empire Lodrien, les yeux envieux et vengeurs des peuples dont les ancêtres avaient été opprimés se tournaient sur les frontières de Lodr. La Guerre avait été enterrée pendant bien trop longtemps, et l'heure de rendre des comptes avait sonné.
Areglea, au sein de l'Empire Lodrien
Il faisait chaud. En un temps pareil, travailler était très pénible, et c'est dans ces temps là qu'Einir, jeune garçon approchant la dizaine, aurait souhaité être à la place de son maître. Certes sa tâche n'était pas très compliqué, il ne s'agissait que de nettoyer et dépoussiérer tous les divers objets luxueux que le maître entreposait un peu partout dans sa vaste demeure. Bien sûr, sa position était presque enviable par rapport aux esclaves adultes, qui devaient se livrer à des tâches bien plus ardues. Il secoua sa vulgaire tunique pour se ventiler un peu, car la sueur lui collait à la peau. Alors, comme il passait par le centre de la demeure, après s'être assuré que personne ne le regardait, il passa les colonnes et se dirigea au centre du patio, qui lui-même était au centre de la maison. Là, demeurait un petit bassin d'eau, qui, bien que sûrement non potable, avait l'avantage non négligeable d'être fraiche. Se penchant sur le rebord, il regarda son reflet, renvoyé par l'eau calme du bassin: des cheveux châtains foncés, qui, peu dociles, refusaient de se laisser coiffer, et ainsi formaient cette espèce de coiffure en bataille, un peu hirsute. Ses yeux étaient marrons et reflétaient encore l'innocence que l'on pouvait avoir à cet âge là. Le tout formant un visage enfantin, un peu sale, un peu sauvage, mais encore libre de toute emprunte du temps. Après s'être regardé ainsi, il plongea sa tête dans le bassin et la ressortit avec une expression de plénitude. Certaines joies sont simples après tout.
Il profita de cette sensation de fraîcheur qui circulait dans son corps, bien que temporaire, jusqu'à ce qu'il entende des bruits de pas. Mais ce n'étaient pas les pas de n'importe qui, il s'était entraîné à reconnaître ce son si caractéristiques, le bruit de sandales sur le sol dallé: son maître. Fort heureusement, il était dans son angle mort pour le moment, alors il en profita pour se faufiler rapidement en toute discrétion dans la partie couverte de la cour intérieur, à l'ombre des colonnes et du toit. Il repéré alors immédiatement un vase très joliment décoré sur un piédestal, et il fit alors mine de le dépoussiérer. Son maitre ne devait surtout pas le remarquer, où bien il verrait que sa tête était trempée et comprendrait ce qu'il venait de faire. Même si ce crime pouvait sembler bien léger, n'importe lequel de ses dérapage se transformait en faute impardonnable quand c'était lui, Einir, qui en était l'auteur. Pourquoi? Tout simplement parce que le maître ne l'aimait pas, il ne l'avait jamais aimé, et il ne serait pas trop exagéré de dire qu'il pourrait le tuer si il l'énervait trop. Après tout, les maîtres avaient droit de vie et de mort sur les esclaves, c'est la loi qui le disait. Mais les esclaves, eux, n'avaient aucun droit. Et c'était d'autant plus dommage pour Einir, car il était esclaves depuis sa plus jeune enfance, et n'avait jamais pu goûter à ce dont les plus vieux esclaves parlaient: la liberté.
Concentré à son magnifique jeu d'acteur, qui consistait à dépoussiérer un vase qu'il avait pourtant bien nettoyé il y avait à peine une trentaine de minutes, il remarqua au bruit qu'il n'y avait pas une, mais deux personnes. Le maître avait-il un invité? Il n'osait regarder. Mais heureusement pour sa curiosité, les deux personnes étaient plongés dans une discussion qui semblait passionnante, et leur voix fortes lui donnèrent la réponse qu'il cherchait.
" Franchement, tu imagines ça, Gaius? Des esclaves qui se rebellent, c'est vraiment insensé! Quand je pense que ce cher Albus a faillit y laissé la vie! Heureusement que notre glorieuse milice à tué tous ces ingrats rapidement.
- Oui... Quelle tragédie, on m'a dit qu'il avait été blessé gravement à la jambe.
- C'est ce que j'ai entendu aussi. J'espère qu'il sera rapidement de nouveau sur pieds.
- Ces esclaves sont vraiment des ingrats. Ils ne se rendent pas compte de la chance qu'ils ont. Nous leur donnons un foyer, nous les nourrissons, nous leur donnons même des valeurs de civilisation et d'hygiène. Et pourtant, certains ont encore la folie de se rebeller, je ne comprends tout simplement pas.
- Et tu as bien raison!
Einir n'aimait pas quand son maître, Gaius, tenait de tels propos. Il se sentait humilié comme une bête, et pourtant il ne pouvait rien dire.
- Je trouve que le monde d'aujourd'hui est bien dangereux, pour des citoyens honnêtes et civilisés comme nous. N'es tu pas d'accord Viteiucus, mon ami?
- Oh, tu n'imagines pas à quel point je partage tes pensée! Tous ces..barbares qui beuglent à nos frontières... Si notre glorieuse armée n'était pas là, je ne sais pas ce que nous serions devenus. Parfois, cela m'empêche de dormir paisiblement rien que d'y penser.
- Et pourtant, on raconte que les effectifs ont dû être réduits plusieurs fois ces dernières années, car le Sénat manquerait d'argent.
- Manquer d'argent?? Avec toutes les contributions, de plus en plus hautes, qu'ils nous demandent, je me demande bien comment les caisses pourraient être vides!
- Rumeur infondée ou non, toujours est-il que nos garnisons à l'Est semblent avoir des difficultés à stopper un groupe de barbares qui pillent nos fermes et nos villages en bordure.
Einir, qui avait cessé de frotter depuis un moment, absorbé par l'écoute de la discussion, tendit l'oreille. Voici un sujet qu'il n'avait pas encore entendu.
- Vraiment? Je n'étais pas au courant! Notre belle ville serait-elle menacée?
- Non, il ne faut pas exagérer tout de même. Il n'y a aucune chance qu'ils passent Olbia, ça ne reste qu'une bande de barbares, ce n'est qu'une question de temps avant que notre armée les écrase.
- Hum, oui. Mais tout de même, cela faisait bien longtemps que des barbares n'avaient pas été aussi effrontés.
- En effet. Mais sais-tu ce que l'on m'a dit? Il parait qu'ils ne viennent du lointain Est, et que leurs yeux sont si petits et fins qu'on dirait qu'ils sont tout le temps fermés.
- Vraiment? Quelle horreur! Voient-ils au moins comme nous?
- Je n'en sais hélas rien, mais on raconte qu'ils boivent le sang de leur victime, et qu'ils dévorent les enfants qu'ils capture.
En entendant ces mots, Einir sentit un large frisson lui parcourir le corps.
- Leur existence même est une insulte à la civilisation! Vivement que notre armée les éradique tous jusqu'au dernier! "
Absorbé par la discussion, il ne s'était pas rendu compte que les deux hommes approchaient dans sa direction. Reprenant ses esprits et prit et dépourvu, il voulu reprendre son chiffon, mais dans la panique, ses mains tremblantes agirent maladroitement et firent chuter malencontreusement le vase de son piédestal. Le bruit que causa le vase qui se brisa fut grand et, les deux hommes cessèrent sur le champs leur discussion, puis son maître, avec une expression de colère, s'avança d'un pas rapide vers lui. Paniqué, Einir s'empressa se ramasser les débris, mais soudain, une épaisse main l'agrippa par le col, et deux yeux le fixèrent avec une expression terrible.
" EINIR! Pauvre fou! Es tu seulement conscient de ce que tu viens de faire?! Ce vase m'a couté extrêmement cher! Il venait de Pars! Et..Et tu viens de le briser avec tes sales mains puantes!
- Je..je suis déso..
- NON tu n'es pas désolé, pauvre incapable! Je n'aurai jamais du te recueillir, tu n'es qu'un bon à rien, et tu ne fais que créer mon malheur!
Einir se tut, sachant que tout mot qu'il dirait serait retourné contre lui. Soudain, Gaius remarqua sa tête trempé, et son visage vira au rouge.
- Ne me dis pas que tu as plongé ta sale tête dans ce bassin??
Le silence et le regard fuyant furent sa réponse. La forte poigne le jeta à terre, et il sentit bientôt la douleur causée par un coup de pied dans les côtes, suivit d'un autre.
- Tu es non seulement incapable, mais en plus tu salit l'eau si pure du bassin! Et en plus, tu as l'audace de m'humilier devant mon plus cher ami, Viteiucus!!! Prend garde à toi, jeune fou! Lorsque j'aurais réparé la terrible honte que tu viens de m'infliger devant mon invité, je réparerais l'erreur que j'ai faite il y a longtemps en te recueillant! "
Il retourna alors d'un pas furieux auprès de son ami, qui n’avait pas prononcé mot, s'étant contenté de regarder la scène avec une expression des plus neutres, rien ne l'ayant choqué dans ce qu'il venait de voir. Einir n'osa plus regardé de leur côté, il s'empressa de ramasser les débris, avant de disparaître de leur vue, absolument terrifié de la punition que lui réservait son maître, une fois que Viteiucus serait parti. Après avoir jeté les morceaux du vase, il se contenta de se réfugier dans son espace, là où il dormait, ce qui ressemblait plus à une cellule qu'autre chose. Quelqu'un approcha, puis une voix qu'il connaissait bien s'adressa à lui, tandis que des bras chaleureux l'enlaçaient.
" Einir, mon pauvre, tu as mis le maître réellement en colère cette fois..
- Livia...
Le garçon se réfugia dans l’étreinte maternelle que lui offrait la femme. Livia était une esclave de Gaius, comme lui, mais il la considérait comme sa mère, car c'était elle qu'il l'avait recueilli, dans des circonstances sur lesquelles elle restait vague, et l'avait amené à son maître. C'était elle qui s'occupait réellement de lui, vu que le maître le haïssait. Au contraire de lui, Livia jouissait des bonnes grâces de Gaius, et le maître l'emmenait souvent avec lui dans sa chambre la soir, pour des raisons qu'il ignorait. Il y avait de nombreux esclaves au service de Gaius, mais elle était la seule qui faisait attention à lui. Comme à chaque fois qu'il se faisait disputer, sa voix douce l'apaisait, mais pourtant, cette fois-ci, elle semblait plus sérieuse.
- Einir, mon garçon, Gaius est dans une rage telle qu'il va probablement te tuer. Il en a le droit, et tu le sais bien.
Si il ne s'attendait pas à ce que Livia soit capable d'une telle franchise, le fait d'entendre la vérité, qu'il refusait d'admettre, le fit éclater en sanglots. Les bras de la femme le serrèrent contre sa poitrine.
- Je..je veux pas mourir! C'est tellement..tellement injuste!
- Oui, c'est injuste Einir. Le maître ne t'a jamais aimé, je ne sais pas vraiment pourquoi, mais si il t'a accepté jusque là, c'est grâce à moi. Mais cette fois-ci, même moi je ne pourrai rien faire.
Un long silence s'installa, brisé par les sanglots du jeune garçon.
- Et pourtant..j'ai fait une promesse.
Il lui sembla que la voix de Livia tremblait. Il leva la tête et se rendit compte que des larmes perlaient aussi sur la joue de la jeune femme.
- L..livia?
- Einir, j'ai juré à ta mère que je te protégerai. Je..je ne peux pas te laisser mourir. Et pourtant..ce que je vais te demander de faire me déchire le cœur.
- Livia? Qu'est ce que c'est?
- Mon garçon, tu dois fuir. Tu dois quitter cette demeure et fuir Gaius. C'est peut être insensé pour un jeune garçon comme toi, mais si tu ne le fais pas, il va te tuer dans un accès de rage. Et si il ne le fait pas aujourd'hui, ce sera tôt ou tard, tu le sais bien, mais si c'est parfaitement injuste.
Il fut prit au dépourvu. Lui? Fuir tout seul?
- Mais..mais...si je fuis, tu vas te faire disputer!
Elle répondit par un sourire apaisant.
- Ne t'en fais pas, contrairement à toi, le maître m'accorde..ses faveurs.
- Je..je vois...
Elle se releva et posa ses mains sur ses épaules.
- Écoute moi bien Einir. Tu vas t'échapper d'ici sans te faire voir, je sais que tu en es capable. Ensuite, tu iras sur la place du marché, et tu verras un vieil homme avec une charrue, il vient toutes les semaines à cette heure là. C'est un habitant d'un village pas loin de celui où je vivais. Parle lui de moi, et demande lui de t'amener à mon village. C'est loin d'ici et moins luxueux, mais si tu dis que tu me connais, ils t'accepteront parmi les leurs. Tu m'as compris? Tu dois le faire maintenant.
- Euhhh..j'ai..j'ai compris.
Elle lui offrit une dernière forte étreinte. Elle sanglotait.
- Bonne chance Einir, ne m'oublie pas, d'accord?
- P..promis!
- Alors..va mon enfant, va! "
Complètement désorienté après un tel retournement de situation en une après-midi, il ne réfléchit pas vraiment, et se contenta de faire ce que lui avait dit Livia. En passant par les cuisines, où le maître ne passait pratiquement jamais, il pouvait sortir de la demeure. C'est ainsi qu'il se fraya un passage jusque dans les cuisines en étant le plus discret. Si jamais il se faisait repérer par Gaius, il pouvait être sûr que sa dernière heure sonnerait. Comme prévu, les cuisines étaient vide, le déjeuner était passé depuis peu, et les esclaves chargés de faire le repas avaient été assigné à d'autres tâches. Toutefois, il croisa tout de même une jeune fille, au cheveux châtains clair à reflet d'or, de son âge, et habillé dans des vêtements aussi pauvres que lui: Thalia. Thalia était une jeune fille esclave de Gaius. Elle était la seule enfant avec lui. Elle s'occupait de la cuisine avec les adultes, mais était si discrète que le maître oubliait parfois qu'elle existait, raison pour laquelle elle n'avait jamais d'ennui. Elle était, avec Livia, la seule personne qui pouvait le comprendre, et ils avaient joué plusieurs fois ensemble. Mais à présent qu'il la croisait dans une telle situation, il ne savait pas quoi lui dire, et un certain gène s'installa alors. La jeune fille brisa le silence avec un petit sourire très féminin dont elle avait le secret.
" Bonjour Einir!
- Ah euh..bonjour Thalia!
- Où est ce que tu vas comme ça?
- Euh..et bien... "
Il finit par lui expliquer la situation, avec les mots propres à un enfant. Mais Thalia était une fille très mature et compréhensive pour son âge, et elle compris la situation. Un nouveau silence s'installa, puis elle finit par le rompre une nouvelle fois, tandis qu'elle décrochait un collier à son cou, et lui tendait.
" Je suis triste que tu partes Einir. Mais si c'est Livia qui t'a dit de faire ça, alors je comprends. Prends ce collier. Tu reviendras hein? Alors, quand tu reviendras, je pourrais te reconnaître grâce à ce collier!
- M..merci Thalia. Je suis vraiment triste de partir, je n'ai pas vraiment envie. Mais j'ai encore moins envie de mourir...
- Je comprends. Fais bon voyage! "
Elle lui déposa un bisou sur la joue, suite à quoi le jeune garçon, ayant peu de notions en romance, rougit. Puis elle partit et alors, Einir regarda le bijou qu'elle venait de lui donner: c'était un collier tout simple au bout duquel était accroché un coquillage qui s'enroulait sur lui-même. Il mit le collier puis quitta enfin la demeure en passant par l'entrée de la cuisine.
Il sortit enfin sur la rue. Il y avait plein de monde, des citoyens et des esclaves, chacun affairés à leurs propres occupations. Il ne courut pas pour ne pas éveiller les soupçons, et marcha calmement en se mêlant à la foule jusqu'à la place du marché. Une fois arrivé, la foule était encore plus épaisse et il y avait nombre d'étals de marché, et pourtant pas la moindre trace d'une charrue. Mais finalement, après avoir laborieusement avancé dans la foule pendant plusieurs minutes, il repéra effectivement une charrue à l'autre bout. Un vieil homme y était en train d'atteler ses bœufs, visiblement prêt à partir. Il courra dans sa direction.
" Monsieur! Excusez moi!
Il arriva en haletant. Courir en se faufilant un passage malgré sa petite taille n'était pas chose aisée.
- Et bien mon garçon, que t'arrives-t-il? J'ai déjà vendu tous mes produits si tu veux savoir.
- N..non..uff..Je viens de..uff..la part de..Livia.
- Oh. Je t'écoute. "
Alors, il lui raconta tout. A la fin du récit, l'homme se lissa la barbe, et finit par dire d'un ton conciliant: " Monte, p'tit gars, je vais te tirer de ce pétrin. "
Alors il monta dans la charrue, et bientôt, il quittait la ville d'Areglea où il avait passé toute son enfance, en direction de l'Est, vers l'inconnu.
Le voyage dura plusieurs jours, et le vieil homme n'était pas bien bavard. Einir se contentait de rester dans la charrue, se servant des sacs de toiles pour s'assurer un minimum de confort. Le soir, ils s'arrêtaient à une auberge pour manger, puis dormaient à la belle étoile. La progression était laborieuse, mais le village où ils allaient était à plusieurs centaines de kilomètres d'Areglea. Mais même si le vieillard n'était pas bien bavard et qu'il connaissait même pas son nom, il put en apprendre un peu plus sur Livia. Elle venait d'un village qui avait été assimilé dans les frontières depuis peu. Et lorsque l'armée Lodrienne avait envahit leur terres, ils avaient emportés plusieurs villageois comme esclaves, et Livia faisait parti de ceux-là. Le vieillard, lui, avait appartenu au même peuple, mais habitait un village plus loin. Il apprit aussi que les villages en bordure étaient relativement indépendants, mais il devaient donner une partie de leur récolte à l'Empire, et de plus, le commerce avec les villes leur était très profitable, mais en échange de ça, ils étaient sous la protection de l'armée.
Après cinq jours de voyage, le vieillard fit une halte, et indiqua à Einir de descendre. Il lui montra un chemin rudimentaire à travers prairies et lui dit de suivre le chemin tout droit pendant environ une heure, après quoi il attendrait finalement le village. Puis les deux se saluèrent, et Einir le remercia profondément, se rappelant au passage qu'il ne connaissait toujours pas le nom du vieillard.
Les salutations passées et le vieillard reparti de son côté, Einir suivit les instructions de son hôte des jours précédents et suivit le chemin. Autour de lui, uniquement des prairies et des champs, rien de plus. Alors il marcha, et ses chaussures rudimentaires ne suffirent pas à cacher la douleur qu'il éprouvait en marchant sur les cailloux. C'était la première fois qu'il voyait la campagne Lodrienne, et le premier contact n'était pas des plus agréables. Et pourtant, au bout, il avait l'espoir d'une vie libre, où il n'aurait plus à craindre les foudres de son maître. Et lorsqu'il deviendrait plus grand, il reviendrait à Areglea et retrouverait Livia et Thalia, c'était cette perspective qui poussait le jeune garçon à continuer à marcher et oublier qu'il y avait quelques jours encore, il vivait en tant qu'esclave certes, mais dans un confort relatif. Il serra le coquillage du collier de Thalia dans son poing. Livia, Thalia, jamais il ne les oublierait.
Après une bonne heure de marche sur le sentier accidenté, il vit des formes se dessiner à l'horizon, des bâtiments, et finalement il aperçut le village dans sa globalité. Il n'était pas bien grand par rapport à la ville, mais il était heureux d'arriver enfin. Il s'avança dans l'allée principale, mais quelque chose lui parut étrange. Ce n'était pas le fait que les bâtiments soient tous en bois, ni même que le village soit entouré de champs, non, ce qui clochait réellement était qu'il n'y avait pas âme qui vive dehors. Pas un bruit, pas un chat, pas un rat. Pourtant les bâtiments semblaient tous en bon état et non pas abandonnés. Où étaient tous les habitants? Aux champs? Il ne voyait pourtant personne aux alentours. S'était-il trompé de village? Il ne préférait même pas penser à cette possibilité là. Et tandis qu'il avançait hasardeusement, il eut l'impression que le sol tremblait. Il entendit un bruit sourd marteler le sol. La source du bruit venait de plus loin mais elle semblait se rapprocher. Curieux il se rapprocha, tendant l'oreille vers le sol et fermant les yeux pour se concentrer sur la provenance du bruit. Ça se rapprochait de plus en plus. Ça... Le bruit cessa alors qu'il semblait tout proche. Il sentit une ombre planer au dessus de lui. Il ouvrit les yeux, et leva lentement la tête.
Là, devant ses yeux innocents d'enfant, une vision impressionnante se dessina. Une centaine de cavalier qui le dominaient de toute leur hauteur. Ils étaient tous en face de lui et s'était arrêtés. Einir avait déjà vu nombre de fois des soldats Lodriens, mais il était à peu près sûr qu'il ne ressemblaient pas à ça. Le soleil était derrière eux, et il lui était difficile de lever le regard sans plisser les yeux. Mais alors, il sentit un regard écrasant qui le dévisageait: le cavalier le plus en avant le dévisageait avec une expression neutre mais intimidante. Il avait l'impression d'être complètement subjugué par la présence de cet homme. Il commença à trembler sans vraiment savoir pourquoi, puis finalement, il trouva le courage de regarder le cavalier dans les yeux. C'était un homme à la peau matte et aux longs cheveux noirs hirsutes. Une barbe entourait sa bouche, qui ne s'était pas ouverte depuis le début de ce face-à-face. Plusieurs cicatrices parsemaient son visage, mais surtout, ses yeux, ils étaient fins, si fins qu'on eut l'impression qu'il étaient presque fermés. Il se rappela alors la discussion qu'avait eu son maître avec son ami: "leurs yeux sont si petits et fins qu'on dirait qu'ils sont tout le temps fermés." Il en était sûr à présent, il venait de se déplacer à l'Est du territoire, et voilà qu'il croisait un groupe de cavalier qui correspondait à la description du maître. Si le village était désert, ce n'était pas parce qu'il était abandonné, c'était parce que les habitants avaient fui peu avant en apprenant l'arrivée de ces cavaliers. Il avait toujours pensé que rien de tout ça ne le concernait, et pourtant, il était là, seul devant une centaine de barbares sanguinaires.
Son corps fut prit d'un violent frisson. La Mort. Avait-il fait tout ce chemin pour échapper à la mort et finalement se jeter dans la gueule du loup? Et tandis que des pensées funestes traversaient son esprit, le silence écrasant se prolongeait, un puceron faisait face à une meute de loup.
Il allait mourir.
A suivre...--------------
Voici le premier chapitre de la fic' dont je vous parlait. Alors, il est plus long que ce que j'ai l'habitude de faire, et je pense pas que tous les chapitres seront aussi longs. Y a pas mal de dialogues au début, et j'ai plus abrégé vers la fin, parce que je trouvait que le chapitre s'éternisait, et que j'étais pas en train d'écrire un roman non plus. Donnez moi vos avis! Qu'est ce que vous en pensez? Pour ceux qui m'ont encouragé, est ce que vous aimez l'univers, la façon d'écrire, ou bien est ce que vous êtes franchement déçu, ça me plairait de le savoir!
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Par Haydouk le 3 Juillet 2016 à 23:10
Chapitre II: Prisonnier
Un silence de mort régnait.
Le face-à-face absurde entre le moucheron et la horde de loups se prolongeait sans raison particulière. Pour le jeune garçon, cette scène ressemblait en tout point à une rencontre avec la Mort en personne, tandis que pour les cavaliers, cette rencontre devait être d'un ridicule incroyable. Et pourtant, personne ne bougeait.
Einir remarqua alors que celui qui le regardait droit dans les yeux, le plus en avant de tous, était le seul à porter une amure à lamelles de métal, tandis que les autres ne portait visiblement qu'une armure de cuir. Il devait à priori être le chef. La majeure partie du choc était passée, et le prolongement de ce face-à-face l'aida à retrouver un esprit lucide pour réfléchir correctement. Il devait fuir. Alors, voyant que la terreur quittait progressivement les yeux du garçon, le chef prononça quelques mots dans une langue incompréhensible à l'attention d'un de ses guerriers. Celui-ci, se contentant de hocher la tête en réponse, descendit de son cheval, et commença à marcher d'un pas tranquille vers Einir.
Le jeune Lodrien comprit alors ce qu'il se passait et il en déduisit immédiatement la meilleure chose à faire: courir. Alors, puisant dans ses frêles muscles une force qu'il n'aurait pas soupçonné, il commença à fuir à vive allure dans le sens opposé. Mais, de toute évidence, c'était peine perdue, car après avoir tiré une grimace assez explicite, le barbare aux yeux fins le pourchassa. Évidemment, la différence de longueur de jambes et de muscles eut tôt fait de décider de l'issue de la course, et Einir, voyant que tenter de fuir était vain, se jeta sans réfléchir dans la première habitation qu'il croisa. Il se trouva alors dans une modeste chaumière au parfum chaleureux et au mobilier simple et rustique. Mais l'heure n'était pas à l'observation. Il vit une petite trappe dans le sol, et s'empressa de l'ouvrir et de se laisser tomber, avant que son poursuivant ne pénètre dans la demeure.
Il regretta aussitôt de s'être laissé tomber lorsque ses pieds touchèrent le sol et qu'une vive douleur se propagea dans ses genoux: il avait sous-estimé la profondeur. Mais fort heureusement, il était encore capable de marcher. Cependant, la trappe s'étant refermée, il était à présent dans le noir total et ne voyait strictement rien. Alors Einir tendit l'oreille, pour entendre le pas lourd du barbare sur le sol de l'étage supérieur. Qu'avait-il pensé en se ruant dans cette cave? Avait-il vraiment la moindre chance de tromper son poursuivant? La réponse vint très vite, lorsqu'une fente de lumière apparut, puis s’agrandit pour révéler le visage de l'ennemi. Celui-ci était chauve, mais possédait une épaisse barbe noire, tressée à plusieurs endroits. Il avait également de la peinture rouge sur son visage. Il représentait à peu près l'image qu'Einir s'était toujours faite des barbares, à l'exception que celui-ci avait la peau matte et les yeux fins. Se rendant compte qu'il perdait du temps à observer le visage de son poursuivant, le jeune garçon profita de la lumière pour repérer dans son environnement restreint toute chose qui pourrait l'aider. Il repéra alors une fourche appuyée sur un coin du mur, et bien que n'ayant jamais utilisé un tel objet auparavant, il s'imagina soudain la capacité de s'en servir pour occire celui qui venait pour le tuer. Ce dernier venait justement de descendre, et eut un air surpris en voyant un jeune gamin pointant une fourche vers lui. Einir fonça alors vers l'homme, qui s'avérait de stature assez impressionnante, la fourche en avant, pour l'empaler. Cependant, le scénario idéal qu'il s'était imaginé se trouva un peu perturbé lorsque le géant se contenta de dévier son assaut d'un mouvement de main, avant de lui prendre l'arme des mains et la jeter plus loin. Cette fois-ci, il était clairement dans une situation critique, et il déglutit en se rendant compte que le barbare lui barrait la sortie. Alors, il tenta sa dernière arme: la morsure. Se jetant sur la main qui s'approchait pour le saisir, il mordit à pleine force le premier doigt qui vint à sa portée. Il espérait que la douleur infligée lui ferait gagner suffisamment de temps pour fuir. Cependant, son adversaire n'eut pas la moindre réflexion, esquissant au mieux une grimace d'irritation, avant de lui coller une gifle monumentale qui l'envoya directement au sol.
Einir poussa un cri de douleur et se frotta la joue. Heureusement qu'il avait l'habitude de subir de tels traitements par son ancien maître, mais la différence de force était tout de même notable. Mais alors qu'il voulut se relever, se préparant à affronter sa mort avec bravoure, il sentit un choc sur sa nuque, puis tout devint noir.
Il reprit ses esprits. Il se sentait secoué dans tous les sens, et sa nuque lui faisait mal. Einir voulut se frotter le cou, mais il se rendit compte alors que ses mains était attachées dans son dos, et qu'il était dans une position des plus inconfortables, comme si il avait été posé comme un fétu de paille sur une surface très instable. Alors il ouvrit les yeux, pour découvrir la vision d'un paysage qui défilait à toute vitesse. Ne comprenant pas ce qu'il se passait, il tenta de tourner la tête pour comprendre où il était. Alors il comprit: il était sur le dos d'un cheval, juste derrière un cavalier: il avait été capturé, et voilà qu'on l'emmenait vers une destination inconnue. Il se rappela alors dans le pire moment possible de la discussion de son maître et son invité, où ils avaient notamment dit que les barbares de l'Est dévoraient les enfants. Un sentiment de panique l'emplit. Il voulut se tortiller dans tous les sens pour tomber du cheval, mais cela n'y faisait rien. Alors il cria.
" LAISSEZ MOI DESCENDRE! RELÂCHEZ MOI!! "
En guise de réponse, la tête du cavalier se retourna vers lui, et il reconnut son poursuivant chauve et barbu, celui qui l'avait assommé. Il se contenta de le fixer dans les yeux avec une expression totalement neutre.
" LAISSEZ MOI TRANQUILLE ESPÈCE DE BARBARE PUANT! RAMENEZ MOI AU VILLAGE!! "
Alors, le barbare parla pour la première fois, dans un lodrien approximatif, et avec un fort accent qu'il n'avait jamais entendu jusqu'alors.
" Notre chef, il épargner ton vie. Alors tu rester tranquille, ou mon cheval il piétiner toi. "
Bien que la syntaxe était affreuse, Einir comprit largement la menace énoncé par le cavalier, suivit par un regard noir terrible qui lui coupa toute envie de crier une nouvelle fois.
Alors il se tut et se contenta de se laisser balloter par les mouvements du cheval. Le trajet dura ainsi encore un peu plus d'une heure, suite à quoi, il aperçut au loin des centaines de points blancs. En s'approchant, il se rendit compte que ces points blancs étaient en réalité des tentes. Le convoi des cavaliers finit par s'arrêter, et il sentit un bras musclé le soulever et le porter comme une vulgaire cargaison. Trop dépaysé par la situation, il ne trouva pas l'énergie de se débattre, et se laissa porter jusqu'à une tente, dans laquelle il fut déposé de manière étonnamment délicate. Mais avant qu'il ne puisse prononcer mot, son agresseur quitta la tente, le laissant seul. Il se rendit compte alors que l'intérieur était beaucoup plus spacieux que ce qu'il aurait imaginé, et beaucoup plus chaud. Il y avait un certain nombre d'objets qui décoraient l’intérieur, des armes, quelques objets qui semblaient précieux, et d'autres dont il n'avait jamais vu rien de semblable.
Alors quelqu'un rentra dans la tente, mais cette fois ce ne fut pas le barbare colossal aux peinture de guerres, il reconnut celui qu'il avait identifié comme le chef: cheveux longs légèrement frisés, certains tressés, de nombreuses cicatrices, une barbe noire, et une expression terrible. Sans prononcer mot, le chef alla s'asseoir sur une espèce de chaise, puis le fixa dans les yeux, semblant attendre que le jeune garçon brise le silence, ce qu'il finit par faire.
" Qui êtes vous??
Son interlocuteur eut un léger sourire narquois put répondit dans un lodrien parfait avec seulement un léger accent; avec une voix grave, imposante mais étrangement chaleureuse.
- Je pense que tu n'es actuellement pas celui qui est en position de poser des questions, tu ne penses pas? Alors, je vais te retourner la question: qui es tu gamin?
Il se leva péniblement, les mains toujours attachées, et bien qu'il aurait eut envie de simplement lui cracher à la face, son instinct de survie lui commanda de répondre sans faire d'histoire.
- Je..je suis Einir, un esclave lodrien.
Il parut surprit.
- Einir? Je pensais que tous les prénoms des Lodriens finissaient en "us" ou quelque chose comme ça.
Même si il n'avait pas totalement raison, il avait raison de penser que son nom avait un consonance étrange, il n'était pas le premier à faire la remarque. Mais après tout, il n'avait aucune idée de qui étaient ses véritables parents.
- Main..maintenant, dites moi qui vous êtes!
- Du calme, du calme, jeune homme, je vais te répondre.
Il se leva alors de son siège pour le dominer de toute sa hauteur.
- Nous sommes les Khuuni, et mon nom est Attlai.
Il n'avait jamais entendu le nom "khuuni", son maître avait parlé d'un peuple qui venait de l'Est mais n'avait énoncé aucun nom.
- Les..khuuni?
- Oui. Tu n'as peut être jamais entendu parler de nous, et c'est bien possible car nous venons de fort lointain.
- Je..je vois.
Le silence s'installa. Einir avait du mal à soutenir le regard imposant de l'homme nommé Attlai.
- V..vous êtes le chef des Khuuni?
Le concerné choisit de rasseoir, pour quitter ce jeu de subjugation par le regard.
- Non, je ne suis que son héritier. Mais mon père n'est plus capable de commander des guerriers, alors tu peux considérer que je suis le chef en effet.
Il posa alors la question qui lui brûlait les lèvres.
- Vous...allez me tuer?
Son interlocuteur parut surpris.
- Te tuer? Alors que nous nous sommes donné la peine de t'amener jusqu'ici?
- Alors..pourquoi vous m'avez amené ici? Pourquoi... Pourquoi vous ne m'avez pas tué??
- Tuer..tuer..l'on dirait que tu n'as que ce mot à la bouche. J'ai décidé de t’épargner, car j'ai eu pitié de toi en te voyant seul dans ce village vide de toute sa population, comme si tu avais été abandonné par les tiens. Et puis, j'estime qu'il n'est pas nécessaire de faire des morts lorsqu'on peut s'en passer, tu ne penses pas?
Il voulut lui dire qu'il n'avait pas vraiment été abandonné, mais il présumait que ça n'avait pas beaucoup d'importance, alors il ne rajouta rien à ce propos.
- Euh..oui, surement. Mais..qu'est ce que vous allez faire de moi?
Le chef des Khuuni parut réfléchir sincèrement à sa question.
- Hum..je ne sais pas vraiment encore. Mais tu es mon prisonnier à compter d'aujourd'hui, tu devrais te préparer au fait que tu ne reverras sans doute jamais les tiens.
- P..prisonnier.. "
Il se demanda quelle différence il y avait réellement entre un prisonnier et un esclave. Il ne savait pas vraiment ce qu'être prisonnier impliquait, aussi se contenta-t-il de répéter bêtement le mot, oubliant pour le moment que ces barbares étaient accusés de manger les enfants. Il repensa à la dernière phrase "tu ne reverras sans doute jamais les tiens". Est ce que cela voulait dire qu'il ne reverrait jamais Livia et Thalia? Non, il ne préférait il penser. En vérité, son esprit était inondé de bien trop d'informations pour en déduire un quelconque information claire.
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Par Haydouk le 8 Juillet 2016 à 13:29
Chapitre III: La vie des Khuuni
Le silence s'installa de nouveau entre les deux individus. L'homme nommé Attlai, assis sur sa chaise confortable, dévisageait incessamment le jeune garçon nommé Einir, qui lui, debout et les mains attachées dans le dos, faisait la grimace en essayant de libérer ses mains des cordes qui lui serraient le poignet. Le pseudo-chef remarqua ceci, et à la grande surprise d'Einir, il lui proposa de l'en débarrasser.
" Oh, oui, j'oubliais que tu avais toujours ces cordes aux poignets. Ne nous en veut pas, mais il est de coutume d'empêcher les prisonniers de nous nuire, bien que je doute que tu représentes une grande menace.
Il ne savait pas trop si il devait prendre ça comme un insulte, mais il ne doutait pas que son interlocuteur soit capable de le tuer de cent façons différentes avant qu'il n'ait seulement le temps de lui porter la moindre blessure.
- Ne bouge pas, je vais te les ôter. "
Sur ces mots, il se leva et se déplaça derrière le garçon. Il sentit d'épaisses mains qui manipulait l'épais nœud qui retenait prisonnières les siennes, puis d'un coup, ce fut comme un énorme poids qui tombait, et ses poignets furent de nouveau libre. Il s'empressa alors de les secouer et les frotter, constatant que de fortes marques rouges subsistaient.
" Tu as le droit d'éprouver de la gratitude envers moi. "
A cela, il ne répondit que par un regard noir. Après tout, c'étaient eux qui lui avaient lié les mains, il n'avait donc pas à le remercier. Et une nouvelle fois le silence s'installa. Il ne savait pas vraiment quoi dire ou quoi faire à cet homme, dont il était apparemment le prisonnier, et de toute évidence, son "geôlier" ne semblait pas très habitué non plus. D'ailleurs, il se frotta l'arrière du crâne, enfouissant sa main dans son épaisse masse de cheveux, tout en affichant une expression embêtée. Soudain, un gargouillement se fit entendre. Mais ce fut peine perdue pour Einir que d'essayer de le cacher, car ils n'étaient que deux, et donc tous deux savaient très bien qui était le coupable. Il rougit légèrement de honte, ne voulant pas montrer sa faiblesse à son "ennemi". Mais c'était trop tard, Attlai rit.
" Ahahahah, je vois que la faim ne t'a pas épargné! Mais tu n'as pas à rougir de honte, ne bouge pas, je reviens dans un instant. "
En disant ces mots, il sortit de la tente. Se retrouvant de nouveau seul, Einir inspecta de nouveau son environnement. Une épée attira son attention, simplement appuyé contre l'une des paroi de la tente, rangée dans son fourreau. Sa garde était ornée telle qu'il n'en avait jamais vu. De plus, à en juger par la forme du fourreau, cette épée était courbe, et il n'avait jamais rien vu de la sorte. Il fut tenter de sortir légèrement l'épée du fourreau, mais il avait bien trop peur de se faire surprendre. Aussi se contenta-t-il d'observer en silence, essayant de deviner la forme de l'épée, jusqu'à ce que le guerrier soit de retour. Il tenait dans sa main un bol et un cuillère en bois, qu'il lui tendit, lui adressant au passage un " Tiens, mange donc. " Einir regarda ce qui était dans son bol. C'était quelque chose qu'il n'avait jamais vu, ça avait l'air d'être de la viande, mais il ne reconnaissait pas la texture. Aussi demanda-t-il ce que c'était.
" Euhh..Q..qu'est ce que c'est?
- Ça? Ce sont des tripes de mouton, gamin. "
Il fit une étrange grimace et manqua de vomir en entendant la réponse. Dans un mouvement de dégout, il jeta le bol par terre. Il croisa alors de nouveau le regard d'Attlai, qui avait l'air furieux.
" Pourquoi as tu jeté la nourriture que je t'ai donné ?!
Bien qu'intimidé par sa colère, il ne voulut pas se laisser faire et réagit en s'énervant à son tour.
- Je mangerai pas quelque chose de dégoutant!
L'expression du guerrier devint encore plus terrible.
- Comment peux tu dire que c'est dégoutant si tu n'as pas gouté??! Ces tripes de nos moutons, que nous avons élevé avec patience, et qui ont donné leur vie pour que toi, entre autres, puisse manger!!
- Je m'en fiche!! Je suis pas un barbare comme vous!! Je mange pas n'importe quoi!!
Il parut sérieusement énervé cette fois-ci, il haussa le ton, et Einir sentit un frisson lui traverser le corps.
- ET QUE SAIS TU DE NOUS?? De quel droit te permets tu de nous juger, jeune imbécile??!
- Vous êtes tous des sauvages!! Tout le monde sait que les barbares sont tous des sauvages!!
- RÉPÈTE CA??! "
Se sentant instinctivement en danger, il prit la première chose qui lui tomba sous la main, en l’occurrence une petit dague qui trainait une table, et la dirigea vers l'homme imposant. Celui-ci lui saisit le poignet et le serra si fort qu'Einir lâcha l'arme de douleur. Il restèrent ainsi quelques instants, tandis que des larmes montaient aux yeux du jeune garçon. Son persécuteur reprit la parole en ayant l'air de s'être calmé.
" On dirait que tu n'as pas compris la situation dans laquelle tu te trouves. J'ai épargné ta vie, je t'ai amené jusqu'ici, je t'ai traité avec un grand soin, en te délivrant de tes liens et en t'apportant de la nourriture, et pourtant tu trouves encore le moyen de tourner une arme contre moi. Si tu n'étais pas excusable par ton jeune âge, ta tête serait déjà séparée du reste de ton corps. Toutefois, je vais t'apprendre à réfléchir deux fois la prochaine fois. "
Il sortit de la tente en l'amenant avec lui en lui tirant le poignet. Ils marchèrent ainsi plusieurs dizaines de mètres en montant une petite colline. Une fois arrivés en haut, il le força à s'asseoir devant un petit poteau en bois, auquel étaient fixées plusieurs petites bannières de couleurs différentes, puis lui attacha les mains derrière le poteau, de telle sorte qu'il ne puisse pas quitter le poteau.
" Ici, tu seras parfait pour méditer sur tes actions, sous le regard bienveillant de Tengri. Je reviendrai te chercher dans plusieurs heures, lorsque ton esprit se sera calmé. "
Alors il partit, laissant le jeune garçon tout seul en haut de cette colline, attaché au poteau, faisant face à un horizon de vastes plaines, les tentes se trouvant de l'autre côté. Tout autour de lui, il y avait d'autres poteaux avec des bannières colorées. Il y avait également des fils qui reliaient les poteaux entre eux, et d'autre fanions colorés y étaient suspendus. Le tout flottait au vent, dans un ensemble coloré. Il fallait reconnaître que c'était agréable et apaisant, mais pour le moment son esprit était toujours énervé contre le pseudo-chef des Khuuni. Les minutes passèrent. Il perdit la mesure du temps, et ne fut capable de dire si il était là depuis seulement quelques minutes ou plusieurs heures. Sa seule compagnie était le vent sifflant, soulevant l'herbe des plaines en formant de gracieuses vagues. Alors qu'il sentait ses paupières commençant à se fermer, une voix vint le réveiller de sa torpeur.
" Salut toi. "
Il ouvrit les yeux en entendant du lodrien, et vit devant lui une personne qu'il n'avait pas encore rencontré. Son accoutrement était très particulier: il était vêtu d'un épais manteau de fourrure, sous lequel il portait le même genre de vêtement qu'Attlai, une espèce de chemise/manteau fermé qui descendait jusqu'aux genoux. Son crâne était complètement rasé, il n'avait pas de barbe, et de plus, sur son oreille droite, il portait une épaisse boucle d'oreille dorée à laquelle étaient accrochées trois longues plumes noires, qui semblaient être des plumes de corbeau. Dans sa main droite, il tenait un long bâton en bois tout simple. L'individu le regardait avec une expression très joviale, il devait avoir à peine plus de vingt ans.
" B..bonjour.
Il vint s'asseoir à côté de lui, comme si ils avaient toujours été amis.
" Alors c'est toi le jeune garçon qu'Attlai a ramené? Les bruits circulent vite ici.
Il ne répondit pas et se contenta de tourner la tête, faisant la moue.
- Allons allons, n'aie pas peur de moi, tu peux me parler tu sais.
Il lui frotta les cheveux dans un geste amical, comme Livia avait eu l'habitude de faire.
- Vous..vous êtes tous méchants de toute façon.
- Ahahah, te serais tu disputé avec Attlai? Il est assez caractériel, mais il a un grand cœur au fond. Ne pense pas de mal de lui, il est celui qui sue le plus parmi nous pour nous rendre la vie meilleure.
Se forçant à continuer d'avoir l'air énervé, il ne put néanmoins cacher sa curiosité. Le mystérieux individu remarque cela.
- Ohoh, aurais-je piqué ta curiosité? Très bien, je vais te dire. Attlai est le fils héritier d'Uldin, qui est notre Khan, ou roi si tu préfères. Cependant, notre Khan est très malade depuis plusieurs années et il ne peut plus diriger notre peuple, c'est donc Attlai qui doit le faire, bien qu'il ne soit pas encore le Khan. C'est difficile pour lui, et il se donne beaucoup de mal pour nous.
- Je..je vois.
Il lui fit une petite tape amicale sur l'épaule.
- Mon nom est Tarvaa, et toi, comment t'appelles-tu?
- E..Einir.
- Ahah, très bien Einir, puisque tu es coincé ici pour le moment, autant utiliser ce temps intelligemment, non? Si tu as des questions je me ferai un grand plaisir d'y répondre. N'aie pas peur, je répondrai à toutes tes questions.
Il posa alors une question qui l'angoissait depuis un moment déjà.
- E..est ce que c'est vrai que vous mangez les enfants?
Son interlocuteur le regarda avec une expression de surprise pour éclata de rire.
- Ahahahahahahah!! Manger les enfants?? Voyons, pourquoi ferions nous ça? Les humains s'entretuent déjà bien assez, il n'est pas nécessaire que nous nous entredévorions aussi.
Il ne sut pas vraiment pourquoi, mais il eut le sentiment qu'il pouvait faire confiance à cet homme, Tarvaa. Il avait une voix très chaleureuse et joviale et un regard rassurant.
- E..et pourquoi avez-vous des plumes à votre oreille?
- Oh, ça? C'est bien remarqué jeune homme. C'est simplement un signe pour montrer que je suis le chaman.
- Le..chaman?
- Oh, oui, je crois que vous appelez ça un prêtre chez vous. Je suis comme un prêtre qui prie Tengri.
- Tengri? C'est qui?
Il se rappelait qu'Attlai avait déjà énoncé ce nom un peu plus tôt, mais il n'avait alors pas compris pourquoi.
- Tengri est le dieu que nous vénérons. Il est le maître du Grand Ciel Éternel, et est présent en toute chose, en chaque morceau de terre, en chaque plante, en chaque animal. Nos pas et notre destin sont guidés par Tengri. Et c'est lui qui juge nos actes.
- Mais..c'est un faux dieu.
- Un faux dieu?
Le chaman eut l'air intrigué par l'appellation du jeune garçon.
- Mon maître dit que tous les dieux des barbares sont des faux dieux, et qu'ils iront en Enfer, et le véritable dieu est Dieu, car aucun nom n'est assez parfait pour le nommer.
- As tu déjà vu Dieu?
- euh..non.
- Alors rien ne prouve que votre dieu est plus réel que le notre. Je pense que peu importe leur croyance, les hommes sont nés pour croire en des dieux différents, mais au final, ils sont tous identiques, tu ne penses pas?
Il sentait qu'il s'était aventuré sur un sentier qu'il ne maîtrisait pas du tout, aussi se contenta-t-il de jouer la neutralité.
- Je..j'en sais rien.
Tarvaa lui frotta de nouveau les cheveux.
- Ahah, désolé de t'embêter avec ces questions, tu es sans doute encore trop jeune pour avoir ton avis. Mais peu importe les dieux, ne penses-tu pas que la vision qui se dessine devant toi est apaisante. Regarde donc l'immensité de ces plaines, ne te sens pas minuscule à côté?
- S..si.
- Nous autres Khuuni, nous vivons proches de la nature et nous lui devons tout, il est donc tout aussi naturel pour nous d'honorer cette vue que pour vous d'honorer vos statues. Mais désormais, je suppose que tu vas vivre parmi nous, alors tu comprendras bientôt tout ça. "
Il entendit des bruits de pas s'approcher, puis entendit une voix qu'il reconnut.
" Tu n'embêtes pas notre Chaman avec tes râleries j'espère.
Attlai venait de les rejoindre en haut de la colline. Tarvaa répondit à sa place.
- Ne t'en fais pas, il est tout à fait charmant. Tu devrais apprendre à te ménager avec lui.
Le futur Khan fit une moue infantile comme un enfant à qui on venait de taper sur les doigts.
- Ne te laisse pas tromper, il est mal éduqué, il a jeté la nourriture que je lui offrait généreusement.
Le chaman eut un petit rire.
- Ahahah, laisse lui le temps de s'adapter, il n'est pas habitué à ce genre de nourriture.
Einir ne prononçait mot, laissant les deux adultes parler de lui comme si il n'était pas là.
- Quand bien même, quand je pense que nous sommes obligés d'aller piller des villages pour nourrir tout notre peuple...
- Pardonne lui pour cette fois. Je trouve qu'il te ressemble un peu, il a un mauvais caractère, comme toi. Peut-être devrais-tu l'adopter, toi qui n'a toujours pas trouvé de femme.
Attlai croisa les bras et fit une nouvelle grimace.
- Hmph. Il n'a même pas notre sang, je ne sais même pas pourquoi je l'ai amené jusqu'ici.
Le chaman se leva et commença à partir en descendant la colline.
- Tengri a créé tous les hommes égaux, mon ami, ne l'oublie jamais. "
Puis il descendit et disparut bientôt de leur vue. Attlai détacha alors Einir, et le regarda en silence se relever, comme si il réfléchissait à quelque chose. Lorsque le garçon fut relevé, il fit un mouvement de tête pour lui signaler de le suivre.
" Suis moi, je vais te montrer quelque chose. "
Alors il le guida à travers les épaisses tentes blanches, et finit par déboucher sur ce qui semblait être le centre du campement.
" Dis-moi à présent, que vois-tu? Est-ce une bande de sauvage? "
Là, devant ses yeux, il vit une vie grouillante entre les centaines de tentes. Des enfants de son âge étaient dehors et jouaient ensembles, des femmes lavaient des vêtements dans des bassines d'eau. Attlai le guida à travers d'autre tentes. Il vit une espèce de camp de tir, où des femmes et des hommes s'entraînaient à tirer à l'arc sur des cibles en paille. Plus loin, il vit deux enfants jouer avec des épées en bois. Ils avancèrent encore jusqu'à sortir derrière l'amas de tente. Là, il vit de vastes près et des centaines de bêtes, des chevaux, attachés, ou d'autres qui courraient librement dans les plaines avec leur cavalier. Un peu à côté, il vit un troupeau de moutons. D'ailleurs, il ne cessait d'entendre le bruit des bêtes depuis qu'il était arrivé ici. Le guerrier le guida de nouveau jusqu'à sa propre tente, qui se trouvait en réalité au bout de la grande "allée principale".
" Tu vois, nous ne sommes pas de simples sauvages. Il est vrai que nous n'avons pas de magnifiques bâtisses en marbe, il est vrai que nous dormons dans des yourtes en peau d'animal, il est vrai que nous pillons les villages pour subvenir à notre nourriture et notre or, il est vrai que notre culture doit être sensiblement différente de la tienne, mais derrière tout cela, il y a une vie, une vie comme tout peuple. Nous sommes de simples humains, nous mangeons, dormons, nous amusons, travaillons, discutons paisiblement, et tout ce que n'importe quel être humain pourrait désirer faire. Je ne dis pas que nous sommes des anges bienfaiteurs. La majeure partie de ce que tu as pu entendre sur nous est vraie: oui nous pillons des villages de fermiers, oui nous tuons des innocents qui désirent protéger leurs biens, oui nous volons et nous brûlons. Mais, gamin, maintenant que tu n'es plus dans ton petit cocon de paix, tu apprendras bientôt que dans ce sombre monde, on ne peut pas se permettre de faire de sentiments si on veut survivre.
Mais il ne comprenais pas alors. Pourquoi l'avoir épargné lui, si ils avaient déjà l'habitude de tuer.
- Mais alors, pourquoi vous ne m'avez pas tué, moi?
- Je te l'ai dit non? Il n'y a aucune gloire à ôter une vie sans raison. Il n'existe pas une personne parmi nous qui aime tuer les autres, ou piller les biens. Si nous pouvons épargner une vie comme je l'ai fait aujourd'hui, cela ne peut qu'être profitable à tout le monde.
- Je..je vois.
- Alors, gamin, je vais te faire une proposition. Tu es un esclave, c'est bien ça?
- J..j'en étais un, mais...je me suis enfui.
Il le regarda dans les yeux avec une expression sérieuse.
- Très bien. Ecoute moi bien. Tu n'as plus de foyer ou retourner n'est ce pas? Alors, voilà ce que je te propose: tu peux retourner là d'où tu viens et reprendre ta vie de servitude, ou alors tu peux devenir l'un des nôtres, peut être que ce n'est pas la vie confortable que tu as eu jusqu'à présent, mais au moins, tu seras libre. Qu'en dis tu?
Le mot "libre" se répétait dans son esprit comme un fantôme qui hanterais son esprit. Les anciens esclaves n'avaient pas arrêté de parler de liberté, mais lui-même ne savait pas vraiment ce que cela signifiait.
- Je..je ne sais pas.
Attlait eut l'air légèrement déçu, mais se reprit rapidement.
- Hum. Tu dois être fatigué. Prends ton temps ton réfléchir, gamin. Viens, tu dormiras dans ma yourte. "
Il souleva le voile d'entrée, et laissa entrer Einir. Il prit une espèce de couverture de fourrure et la lui tendit.
" Même si tu dois avoir connu plus luxueux, le sol de la yourte devrait être assez confortable même pour toi. J'ai encore à faire, puisse Tengri guider ton sommeil. "
Alors il ressortit. Einir s'allongea sur le sol mou, puis s'enroula dans la couverture. Il était si fatigué qu'il en avait oublié qu'il avait faim. Et seulement quelques minutes après avoir fermé les paupières, le sommeil tomba.
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