• Chapitre III: La vie des Khuuni

    Chapitre III: La vie des Khuuni


    Le silence s'installa de nouveau entre les deux individus. L'homme nommé Attlai, assis sur sa chaise confortable, dévisageait incessamment le jeune garçon nommé Einir, qui lui, debout et les mains attachées dans le dos, faisait la grimace en essayant de libérer ses mains des cordes qui lui serraient le poignet. Le pseudo-chef remarqua ceci, et à la grande surprise d'Einir, il lui proposa de l'en débarrasser.

    " Oh, oui, j'oubliais que tu avais toujours ces cordes aux poignets. Ne nous en veut pas, mais il est de coutume d'empêcher les prisonniers de nous nuire, bien que je doute que tu représentes une grande menace.
    Il ne savait pas trop si il devait prendre ça comme un insulte, mais il ne doutait pas que son interlocuteur soit capable de le tuer de cent façons différentes avant qu'il n'ait seulement le temps de lui porter la moindre blessure.
    - Ne bouge pas, je vais te les ôter. "

    Sur ces mots, il se leva et se déplaça derrière le garçon. Il sentit d'épaisses mains qui manipulait l'épais nœud qui retenait prisonnières les siennes, puis d'un coup, ce fut comme un énorme poids qui tombait, et ses poignets furent de nouveau libre. Il s'empressa alors de les secouer et les frotter, constatant que de fortes marques rouges subsistaient.

    " Tu as le droit d'éprouver de la gratitude envers moi. "

    A cela, il ne répondit que par un regard noir. Après tout, c'étaient eux qui lui avaient lié les mains, il n'avait donc pas à le remercier. Et une nouvelle fois le silence s'installa. Il ne savait pas vraiment quoi dire ou quoi faire à cet homme, dont il était apparemment le prisonnier, et de toute évidence, son "geôlier" ne semblait pas très habitué non plus. D'ailleurs, il se frotta l'arrière du crâne, enfouissant sa main dans son épaisse masse de cheveux, tout en affichant une expression embêtée. Soudain, un gargouillement se fit entendre. Mais ce fut peine perdue pour Einir que d'essayer de le cacher, car ils n'étaient que deux, et donc tous deux savaient très bien qui était le coupable. Il rougit légèrement de honte, ne voulant pas montrer sa faiblesse à son "ennemi". Mais c'était trop tard, Attlai rit.

    " Ahahahah, je vois que la faim ne t'a pas épargné! Mais tu n'as pas à rougir de honte, ne bouge pas, je reviens dans un instant. "

    En disant ces mots, il sortit de la tente. Se retrouvant de nouveau seul, Einir inspecta de nouveau son environnement. Une épée attira son attention, simplement appuyé contre l'une des paroi de la tente, rangée dans son fourreau. Sa garde était ornée telle qu'il n'en avait jamais vu. De plus, à en juger par la forme du fourreau, cette épée était courbe, et il n'avait jamais rien vu de la sorte. Il fut tenter de sortir légèrement l'épée du fourreau, mais il avait bien trop peur de se faire surprendre. Aussi se contenta-t-il d'observer en silence, essayant de deviner la forme de l'épée, jusqu'à ce que le guerrier soit de retour. Il tenait dans sa main un bol et un cuillère en bois, qu'il lui tendit, lui adressant au passage un " Tiens, mange donc. " Einir regarda ce qui était dans son bol. C'était quelque chose qu'il n'avait jamais vu, ça avait l'air d'être de la viande, mais il ne reconnaissait pas la texture. Aussi demanda-t-il ce que c'était.

    " Euhh..Q..qu'est ce que c'est?
    - Ça? Ce sont des tripes de mouton, gamin. "

    Il fit une étrange grimace et manqua de vomir en entendant la réponse. Dans un mouvement de dégout, il jeta le bol par terre. Il croisa alors de nouveau le regard d'Attlai, qui avait l'air furieux.

    " Pourquoi as tu jeté la nourriture que je t'ai donné ?!
    Bien qu'intimidé par sa colère, il ne voulut pas se laisser faire et réagit en s'énervant à son tour.
    - Je mangerai pas quelque chose de dégoutant!
    L'expression du guerrier devint encore plus terrible.
    - Comment peux tu dire que c'est dégoutant si tu n'as pas gouté??! Ces tripes de nos moutons, que nous avons élevé avec patience, et qui ont donné leur vie pour que toi, entre autres, puisse manger!!
    - Je m'en fiche!! Je suis pas un barbare comme vous!! Je mange pas n'importe quoi!!
    Il parut sérieusement énervé cette fois-ci, il haussa le ton, et Einir sentit un frisson lui traverser le corps.
    - ET QUE SAIS TU DE NOUS?? De quel droit te permets tu de nous juger, jeune imbécile??!
    - Vous êtes tous des sauvages!! Tout le monde sait que les barbares sont tous des sauvages!!
    - RÉPÈTE CA??! "

    Se sentant instinctivement en danger, il prit la première chose qui lui tomba sous la main, en l’occurrence une petit dague qui trainait une table, et la dirigea vers l'homme imposant. Celui-ci lui saisit le poignet et le serra si fort qu'Einir lâcha l'arme de douleur. Il restèrent ainsi quelques instants, tandis que des larmes montaient aux yeux du jeune garçon. Son persécuteur reprit la parole en ayant l'air de s'être calmé.

    " On dirait que tu n'as pas compris la situation dans laquelle tu te trouves. J'ai épargné ta vie, je t'ai amené jusqu'ici, je t'ai traité avec un grand soin, en te délivrant de tes liens et en t'apportant de la nourriture, et pourtant tu trouves encore le moyen de tourner une arme contre moi. Si tu n'étais pas excusable par ton jeune âge, ta tête serait déjà séparée du reste de ton corps. Toutefois, je vais t'apprendre à réfléchir deux fois la prochaine fois. "

    Il sortit de la tente en l'amenant avec lui en lui tirant le poignet. Ils marchèrent ainsi plusieurs dizaines de mètres en montant une petite colline. Une fois arrivés en haut, il le força à s'asseoir devant un petit poteau en bois, auquel étaient fixées plusieurs petites bannières de couleurs différentes, puis lui attacha les mains derrière le poteau, de telle sorte qu'il ne puisse pas quitter le poteau.

    " Ici, tu seras parfait pour méditer sur tes actions, sous le regard bienveillant de Tengri. Je reviendrai te chercher dans plusieurs heures, lorsque ton esprit se sera calmé. "


    Alors il partit, laissant le jeune garçon tout seul en haut de cette colline, attaché au poteau, faisant face à un horizon de vastes plaines, les tentes se trouvant de l'autre côté. Tout autour de lui, il y avait d'autres poteaux avec des bannières colorées. Il y avait également des fils qui reliaient les poteaux entre eux, et d'autre fanions colorés y étaient suspendus. Le tout flottait au vent, dans un ensemble coloré. Il fallait reconnaître que c'était agréable et apaisant, mais pour le moment son esprit était toujours énervé contre le pseudo-chef des Khuuni. Les minutes passèrent. Il perdit la mesure du temps, et ne fut capable de dire si il était là depuis seulement quelques minutes ou plusieurs heures. Sa seule compagnie était le vent sifflant, soulevant l'herbe des plaines en formant de gracieuses vagues. Alors qu'il sentait ses paupières commençant à se fermer, une voix vint le réveiller de sa torpeur.

    " Salut toi. "

    Il ouvrit les yeux en entendant du lodrien, et vit devant lui une personne qu'il n'avait pas encore rencontré. Son accoutrement était très particulier: il était vêtu d'un épais manteau de fourrure, sous lequel il portait le même genre de vêtement qu'Attlai, une espèce de chemise/manteau fermé qui descendait jusqu'aux genoux. Son crâne était complètement rasé, il n'avait pas de barbe, et de plus, sur son oreille droite, il portait une épaisse boucle d'oreille dorée à laquelle étaient accrochées trois longues plumes noires, qui semblaient être des plumes de corbeau. Dans sa main droite, il tenait un long bâton en bois tout simple. L'individu le regardait avec une expression très joviale, il devait avoir à peine plus de vingt ans.

    " B..bonjour.

    Il vint s'asseoir à côté de lui, comme si ils avaient toujours été amis.

    " Alors c'est toi le jeune garçon qu'Attlai a ramené? Les bruits circulent vite ici.
    Il ne répondit pas et se contenta de tourner la tête, faisant la moue.
    - Allons allons, n'aie pas peur de moi, tu peux me parler tu sais.
    Il lui frotta les cheveux dans un geste amical, comme Livia avait eu l'habitude de faire.
    - Vous..vous êtes tous méchants de toute façon.
    - Ahahah, te serais tu disputé avec Attlai? Il est assez caractériel, mais il a un grand cœur au fond. Ne pense pas de mal de lui, il est celui qui sue le plus parmi nous pour nous rendre la vie meilleure.
    Se forçant à continuer d'avoir l'air énervé, il ne put néanmoins cacher sa curiosité. Le mystérieux individu remarque cela.
    - Ohoh, aurais-je piqué ta curiosité? Très bien, je vais te dire. Attlai est le fils héritier d'Uldin, qui est notre Khan, ou roi si tu préfères. Cependant, notre Khan est très malade depuis plusieurs années et il ne peut plus diriger notre peuple, c'est donc Attlai qui doit le faire, bien qu'il ne soit pas encore le Khan. C'est difficile pour lui, et il se donne beaucoup de mal pour nous.
    - Je..je vois.
    Il lui fit une petite tape amicale sur l'épaule.
    - Mon nom est Tarvaa, et toi, comment t'appelles-tu?
    - E..Einir.
    - Ahah, très bien Einir, puisque tu es coincé ici pour le moment, autant utiliser ce temps intelligemment, non? Si tu as des questions je me ferai un grand plaisir d'y répondre. N'aie pas peur, je répondrai à toutes tes questions.
    Il posa alors une question qui l'angoissait depuis un moment déjà.
    - E..est ce que c'est vrai que vous mangez les enfants?
    Son interlocuteur le regarda avec une expression de surprise pour éclata de rire.
    - Ahahahahahahah!! Manger les enfants?? Voyons, pourquoi ferions nous ça? Les humains s'entretuent déjà bien assez, il n'est pas nécessaire que nous nous entredévorions aussi.
    Il ne sut pas vraiment pourquoi, mais il eut le sentiment qu'il pouvait faire confiance à cet homme, Tarvaa. Il avait une voix très chaleureuse et joviale et un regard rassurant.
    - E..et pourquoi avez-vous des plumes à votre oreille?
    - Oh, ça? C'est bien remarqué jeune homme. C'est simplement un signe pour montrer que je suis le chaman.
    - Le..chaman?
    - Oh, oui, je crois que vous appelez ça un prêtre chez vous. Je suis comme un prêtre qui prie Tengri.
    - Tengri? C'est qui?
    Il se rappelait qu'Attlai avait déjà énoncé ce nom un peu plus tôt, mais il n'avait alors pas compris pourquoi.
    - Tengri est le dieu que nous vénérons. Il est le maître du Grand Ciel Éternel, et est présent en toute chose, en chaque morceau de terre, en chaque plante, en chaque animal. Nos pas et notre destin sont guidés par Tengri. Et c'est lui qui juge nos actes.
    - Mais..c'est un faux dieu.
    - Un faux dieu?
    Le chaman eut l'air intrigué par l'appellation du jeune garçon.
    - Mon maître dit que tous les dieux des barbares sont des faux dieux, et qu'ils iront en Enfer, et le véritable dieu est Dieu, car aucun nom n'est assez parfait pour le nommer.
    - As tu déjà vu Dieu?
    - euh..non.
    - Alors rien ne prouve que votre dieu est plus réel que le notre. Je pense que peu importe leur croyance, les hommes sont nés pour croire en des dieux différents, mais au final, ils sont tous identiques, tu ne penses pas?
    Il sentait qu'il s'était aventuré sur un sentier qu'il ne maîtrisait pas du tout, aussi se contenta-t-il de jouer la neutralité.
    - Je..j'en sais rien.
    Tarvaa lui frotta de nouveau les cheveux.
    - Ahah, désolé de t'embêter avec ces questions, tu es sans doute encore trop jeune pour avoir ton avis. Mais peu importe les dieux, ne penses-tu pas que la vision qui se dessine devant toi est apaisante. Regarde donc l'immensité de ces plaines, ne te sens pas minuscule à côté?
    - S..si.
    - Nous autres Khuuni, nous vivons proches de la nature et nous lui devons tout, il est donc tout aussi naturel pour nous d'honorer cette vue que pour vous d'honorer vos statues. Mais désormais, je suppose que tu vas vivre parmi nous, alors tu comprendras bientôt tout ça. "

    Il entendit des bruits de pas s'approcher, puis entendit une voix qu'il reconnut.

    " Tu n'embêtes pas notre Chaman avec tes râleries j'espère.
    Attlai venait de les rejoindre en haut de la colline. Tarvaa répondit à sa place.
    - Ne t'en fais pas, il est tout à fait charmant. Tu devrais apprendre à te ménager avec lui.
    Le futur Khan fit une moue infantile comme un enfant à qui on venait de taper sur les doigts.
    - Ne te laisse pas tromper, il est mal éduqué, il a jeté la nourriture que je lui offrait généreusement.
    Le chaman eut un petit rire.
    - Ahahah, laisse lui le temps de s'adapter, il n'est pas habitué à ce genre de nourriture.
    Einir ne prononçait mot, laissant les deux adultes parler de lui comme si il n'était pas là.
    - Quand bien même, quand je pense que nous sommes obligés d'aller piller des villages pour nourrir tout notre peuple...
    - Pardonne lui pour cette fois. Je trouve qu'il te ressemble un peu, il a un mauvais caractère, comme toi. Peut-être devrais-tu l'adopter, toi qui n'a toujours pas trouvé de femme.
    Attlai croisa les bras et fit une nouvelle grimace.
    - Hmph. Il n'a même pas notre sang, je ne sais même pas pourquoi je l'ai amené jusqu'ici.
    Le chaman se leva et commença à partir en descendant la colline.
    - Tengri a créé tous les hommes égaux, mon ami, ne l'oublie jamais. "

    Puis il descendit et disparut bientôt de leur vue. Attlai détacha alors Einir, et le regarda en silence se relever, comme si il réfléchissait à quelque chose. Lorsque le garçon fut relevé, il fit un mouvement de tête pour lui signaler de le suivre.
    " Suis moi, je vais te montrer quelque chose. "
    Alors il le guida à travers les épaisses tentes blanches, et finit par déboucher sur ce qui semblait être le centre du campement.
    " Dis-moi à présent, que vois-tu? Est-ce une bande de sauvage? "
    Là, devant ses yeux, il vit une vie grouillante entre les centaines de tentes. Des enfants de son âge étaient dehors et jouaient ensembles, des femmes lavaient des vêtements dans des bassines d'eau. Attlai le guida à travers d'autre tentes. Il vit une espèce de camp de tir, où des femmes et des hommes s'entraînaient à tirer à l'arc sur des cibles en paille. Plus loin, il vit deux enfants jouer avec des épées en bois. Ils avancèrent encore jusqu'à sortir derrière l'amas de tente. Là, il vit de vastes près et des centaines de bêtes, des chevaux, attachés, ou d'autres qui courraient librement dans les plaines avec leur cavalier. Un peu à côté, il vit un troupeau de moutons. D'ailleurs, il ne cessait d'entendre le bruit des bêtes depuis qu'il était arrivé ici. Le guerrier le guida de nouveau jusqu'à sa propre tente, qui se trouvait en réalité au bout de la grande "allée principale".

    " Tu vois, nous ne sommes pas de simples sauvages. Il est vrai que nous n'avons pas de magnifiques bâtisses en marbe, il est vrai que nous dormons dans des yourtes en peau d'animal, il est vrai que nous pillons les villages pour subvenir à notre nourriture et notre or, il est vrai que notre culture doit être sensiblement différente de la tienne, mais derrière tout cela, il y a une vie, une vie comme tout peuple. Nous sommes de simples humains, nous mangeons, dormons, nous amusons, travaillons, discutons paisiblement, et tout ce que n'importe quel être humain pourrait désirer faire. Je ne dis pas que nous sommes des anges bienfaiteurs. La majeure partie de ce que tu as pu entendre sur nous est vraie: oui nous pillons des villages de fermiers, oui nous tuons des innocents qui désirent protéger leurs biens, oui nous volons et nous brûlons. Mais, gamin, maintenant que tu n'es plus dans ton petit cocon de paix, tu apprendras bientôt que dans ce sombre monde, on ne peut pas se permettre de faire de sentiments si on veut survivre.
    Mais il ne comprenais pas alors. Pourquoi l'avoir épargné lui, si ils avaient déjà l'habitude de tuer.
    - Mais alors, pourquoi vous ne m'avez pas tué, moi?
    - Je te l'ai dit non? Il n'y a aucune gloire à ôter une vie sans raison. Il n'existe pas une personne parmi nous qui aime tuer les autres, ou piller les biens. Si nous pouvons épargner une vie comme je l'ai fait aujourd'hui, cela ne peut qu'être profitable à tout le monde.
    - Je..je vois.
    - Alors, gamin, je vais te faire une proposition. Tu es un esclave, c'est bien ça?
    - J..j'en étais un, mais...je me suis enfui.
    Il le regarda dans les yeux avec une expression sérieuse.
    - Très bien. Ecoute moi bien. Tu n'as plus de foyer ou retourner n'est ce pas? Alors, voilà ce que je te propose: tu peux retourner là d'où tu viens et reprendre ta vie de servitude, ou alors tu peux devenir l'un des nôtres, peut être que ce n'est pas la vie confortable que tu as eu jusqu'à présent, mais au moins, tu seras libre. Qu'en dis tu?
    Le mot "libre" se répétait dans son esprit comme un fantôme qui hanterais son esprit. Les anciens esclaves n'avaient pas arrêté de parler de liberté, mais lui-même ne savait pas vraiment ce que cela signifiait.
    - Je..je ne sais pas.
    Attlait eut l'air légèrement déçu, mais se reprit rapidement.
    - Hum. Tu dois être fatigué. Prends ton temps ton réfléchir, gamin. Viens, tu dormiras dans ma yourte. "

    Il souleva le voile d'entrée, et laissa entrer Einir. Il prit une espèce de couverture de fourrure et la lui tendit.

    " Même si tu dois avoir connu plus luxueux, le sol de la yourte devrait être assez confortable même pour toi. J'ai encore à faire, puisse Tengri guider ton sommeil. "

    Alors il ressortit. Einir s'allongea sur le sol mou, puis s'enroula dans la couverture. Il était si fatigué qu'il en avait oublié qu'il avait faim. Et seulement quelques minutes après avoir fermé les paupières, le sommeil tomba.


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