Chapitre XV: Noirceur

Pendant plusieurs mois, le Président Zenith installa son pouvoir sur les territoires d'Arkantia. Le monde avait été secoué par le coup d'état du soldat légendaire revenu d'entre les morts. Tout d'abord, les gens s'interrogeaient beaucoup sur comment allait être la politique menée par le nouveau président. Gantz avait été au pouvoir pendant des années, c'était lui qui avait amené la grande majorité des réformes importantes de l'Empire. Alors à présent, qu'allait pouvoir faire un homme qui n'avait été formé qu'au combat? La réponse vint assez tôt. Zenith mena une politique encore plus dure et plus stricte qu'auparavant. Les habitants du Capitole et de sa région, qui n'étaient d'habitude pas concernés par les reformes, ne furent cette fois pas épargnés. Alors que certains pensaient déjà que le régime était très contrôlé sous Gantz, ils leur fallu se rendre à l'évidence que sous Zenith, les choses étaient encore pires. Tout était contrôlé par l'armée, les autorisations d'ouvrir le feu étaient données encore plus facilement qu'auparavant. Presque personne ne sortait plus dehors, même dans les quartiers autour de QG. Mais cela ne se limitait pas seulement à l'intérieur du pays. Zenith avait augmenté l'ampleur des guerres, et s'étaient lancé dans des combats contre les grandes puissances des pays libres. Les soldats étaient complètements lobotomisés par ces tueries sans arrêt, encore plus qu'avant. L'âge de la mortalité parmi les soldats avait encore baissé, et il fallait recruter de forces des gens dans les états annexés pour que les rangs ne diminuent pas.
Et, bien que le niveau de vie avait très légèrement augmenté dans les pays annexes, le niveau de vie global n'avait jamais été aussi bas, ainsi que le moral des gens. Zenith menait son empire d'une main de fer glaciale, et tout le monde se demandait jusqu'où ça allait aller.
Une période noire avait démarré...

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Il entra dans le grand bureau spacieux.
-Vous m'avez demandé Président?
L'homme tourna son fauteuil vers le nouveau venu. Il le scruta un instant puis lâcha finalement:
-Hastings... Tu es venu.
-On m'a dit que vous m'aviez convoqué, est-ce bien vrai?
-Oui, prends place Hastings.
Hastings s'assit sur le fauteuil en face de Zenith. Il regarda un peu la pièce. Zenith n'avait changé aucun mobilier, il avait laissé tout tel quel après la mort de Gantz, le bureau était resté exactement pareil. Mais cependant, il y avait quelque chose qui avait changé complètement dans cette pièce, peut être l'atmosphère dégagée. Oui, à présent, tout avait l'air plus sombre, plus vide, il y avait quelque chose qui avait disparu, quelque chose de pas matériel mais d'essentiel. Mais ce qui avait le plus changé dans cette pièce, c'était Zenith. Il avait l'air complètement différent de quand il était apparu il y a six mois. Il avait l'air...plus vieux. Oui, plus vieux, c'était le mot. Quelque chose le rendait beaucoup plus vieilli que lors de sa première apparition. Ce n'était pas une histoire de rides ou de cheveux blancs, aucun humain, même artificiel ne pouvait vieillir en six mois comme ça. Non, ce n'était par rapport au physique, c'était quelque chose qu'il dégageait lui aussi. Puis, soudain, il s'en rendit compte. Son regard. Son regard était noir de noir. Il n'y avait plus aucune lueur, pas la moindre étincelle, dans ses yeux. Ses yeux reflétaient un vide profond et insondable. Et les cernes sous ses yeux accentuaient cette impression. Hastings réalisa alors qu'en prenant un peu de recul, Zenith avait l'air d'un homme complètement accablé, écrasé par le poids de ses actes et de ses responsabilité, dépassé par son temps. Il avait l'air...d'un fantôme.
Il nota que pas un seul mot n'avait été prononcé pendant ce temps d'observation. Il toussota légèrement.
-A..alors, c'est pour quoi?
Zenith n'avait cessé de le fixer dans les yeux, comme si il essayait de décrypter ses pensées.
-J'aimerai te parler Hastings.
-Vous voulez me parlez? Que me vaut cette honneur?
Zenith lui lança une sorte de regard noir, ce qui était difficile, car son regard était déjà très noir avant.
-Hastings, si il te plait, ne me vouvoie pas, et ne me traite pas comme une sorte de roi.
-Bah, vous savez, vous êtes quand même mon supérieur, et le président du plus grand Empire au passage.
-Dans ce cas, je te l'ordonne en tant que président.
-Bon, soit. Mais pourquoi ça?
-Je suis peut être ton supérieur, mais tu restes mon aîné, et tu es bien plus expérimenté que moi dans ce domaine. J'aimerais au mieux pouvoir discuter avec toi en tant qu'égal.
-Je vois. Mais donc, j'imagine que vous..tu ne m'as pas fait venir juste pour ça.
-Oui, c'est vrai. Tout d'abord, j'aimerai t'apprendre quelque chose.
-M'apprendre quelque chose?
-Oui, et c'est quelque chose qui te concerne, toi particulièrement.
Hastings se détendit un peu sur son fauteuil.
-Je t'écoutes.
-J'ai rencontré ton père en Sibérie.
-Mon père??!
Hastings avait prononcé ces mots sur un ton fort en s'étant levé de son fauteuil, oubliant au passage à qui il parlait. Zenith lui fit calmement un signe de la main pour lui dire de se rasseoir.
-Ah..désolé...
Il se rassit sur le fauteuil.
-Oui, ton père, Frederik Ivanovitch. Il était chez les Révolutionnaires.
-Et..est ce que..
-Mais il est mort il y a trois ans...d'un cancer.
-Ah...
-Je n'ai pas pu assister à ses derniers moments, mais je peux te dire que c'était un grand homme.
-Je vois, merci.
-Je voulais te le dire bien avant..mais des circonstances m'en ont empêché.
-Pas grave.
Hastings ne savait pas trop quoi penser. D'un côté, il venait d'apprendre que son père était vivant jusqu'à il y a longtemps, et d'un autre côté, Zenith était en train de lui parler presque comme n'importe quel homme normal. Mais ce n'était pas normal, LE Zenith n'avait pas pu le faire venir même juste pour lui annoncer la mort de son père, il y avait forcément autre chose, de plus important encore.
-C'est tout ce que tu voulais me dire?
-Non. Tu peux rester assis pour le moment.
-Ah, euh bien.
On y arrivait enfin, la raison principale de sa convocation.
-Écoute moi bien. Le moral est au plus bas au sein des troupes, il y a beaucoup de corruption, ça tu devrais le savoir. Mais surtout, je sais d'après des sources sûres que les Révolutionnaires vont attaquer directement le QG d'ici quelques mois. Une alliance entre plusieurs groupes s'est formé, ils ont déjà commencé à corrompre certains de nos soldats.
-Hein?? Mais il faut réagir alors! Il faut prendre des mesures afin de..
-Hastings.
-Hein? Euh oui?
-Honnêtement, est ce que c'est vraiment ce que tu désires?
-Bah...euh...
L'information de Zenith puis cette question surprirent complètement Hastings. Il ne savait plus si il parlait vraiment à Zenith, au Zenith qu'il avait connu pendant ces six mois.

-Hastings, Silver m'a parlé de toi, et j'ai aussi cherché beaucoup d'informations sur toi. Je sais que tu souhaite arriver à la tête du gouvernement pour changer ce pays. Je sais clairement que tu n'approuvais pas la politique de Gantz et qu'à présent tu n'approuves pas non plus la mienne.
-Et..et bien...
-Hastings, n'aie crainte, quoique tu dises je ne te ferai rien. Tu es de ceux qui doivent survivre à ce chaos, tu ne dois pas mourir maintenant. Alors, parle moi franchement, qu'est ce que tu veux protéger?
-Et bien, très honnêtement, ce que je voudrai c'est changer radicalement l'ordre des choses et rendre à ce pays sa vraie place et son vrai nom. Je veux faire ressurgir la vraie patrie qu'il y avait autrefois, même si cela signifie...démanteler l'Empire et un siècle d'histoire avec...
-Je vois. C'est comme je pensais.
-V..vraiment?
-Oui. Très bien Hastings, à partir de maintenant, tu vas écouter très attentivement tout ce que je vais te dire.
-Euh..bien.


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En Sibérie, chez les révolutionnaires




Il faisait froid, très froid, comme toujours à l'extérieur. Le vent soufflait fort et balayait les immenses étendues de neiges. Silver regardait l'horizon, comme si il attendait quelque chose qui n'arrivait pas.
-'Tain, ça caille ici.
-Tu viens seulement de remarquer?
Un homme venait d'ouvrir la petite trappe qui menait sur le toit et montait le rejoindre.
-Ah, Drake c'est toi.
-Qui d'autre ça pourrait être?
-Ah ah, c'est vrai qu'il n'y a que nous deux pour être assez tarés au point de monter délibérément sur le toit malgré le froid.
-Au fait, c'est quoi ce machin que tu t'es mis dans les cheveux?
Silver tâta le bandeau blanc qu'il se mettait autour du front depuis quelques semaines.
-Bah, c'est un bandeau!
-Un bandeau? Pour quoi faire?
-Bah... C'est classe.
-Je ne suis pas sûr que la classe soit un facteur de survie sur le champ de bataille.
-C'est sûr que toi tu t'y connais en matière de classe...
-Effectivement, je m'y connais.
-Toi? Tu rigoles j'espère, avec ton vieux manteau que tu portes depuis la première fois que je t'ai vu.
-Nan, ça c'est pour tenir chaud. C'est pas ça.
-Alors quoi?
-Mon cache-oeil.
-Quoi ton cache-oeil?
-C'est classe. Je crois.
-...
-...
-Bref, que me vaut ta compagnie?
-Je venais juste te prévenir.
-Me prévenir de quoi?
-On a pu s'allier avec d'autres groupes de révolutionnaires. On a aussi réussi à corrompre des postes stratégiques de l'Armée.
-Et?
-Il nous reste plus qu'à finir les préparatifs, d'ici quelques mois, on passera à l'attaque directement sur le QG.
-Ça faisait longtemps que le mouvement révolutionnaire n'avait pas bougé non?
-Oui, on prépare ce gros coup depuis plusieurs années. Ça va probablement être la bataille la plus importante de la guerre entre les révolutionnaires et l'Armée.
-Sûrement.
-Mais, tu sais ce que ça signifie.
-Oui...
-Tu vas devoir vaincre Zenith et le tuer, tu es le seul capable. Quand les combats commenceront à stagner, si jamais le Président tombe, les soldats, qui ont déjà leur moral au plus bas, vont simplement cesser les combats, et ainsi nous obtiendrons la victoire la plus attendue du siècle.
-Autrement dit, le sort repose sur mes épaules... J'aime pas trop ça...
-Je suis désolé d'avoir à te donner cette responsabilité. Personne n'aurait pu prévoir que Zenith allait se retourner de cette façon. Et je pense que personne même aujourd'hui n'est capable de comprendre la raison de ses actes. Et finalement, tout retombe sur tes épaules.
-Mais vous oubliez quelque chose non?
-Quoi?
-Shadow, il est toujours là, et du côté des ennemis. Et je ne pense pas qu'il se soit tourné les pouces depuis la dernière fois où je l'ai vu.
-Concentre toi sur Zenith. Nous nous chargerons de Shadow, et au mieux, nous le retournerons de notre côté.
-Okay...
-Reste concentré Silver, le dénouement d'un siècle d'histoire approche. Nous ne devons pas relâcher notre garde un seul instant.
-T'inquiètes...


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Capitole, QG, bureau du président


-Tu m'as compris Hastings?
-Ouais, j'ai compris.
-Tu peux partir maintenant.
Hastings se leva de son fauteuil. Il serra la main de Zenith
-A plus.
Puis il ouvrit la grande porte en bois, sortit de la salle, et la referma doucement. Zenith murmura quelques derniers mots.
-Le dénouement approche...


A suivre...